le Beaucé

Le Beaucé : la bistronomie incarnée avec justesse dans le 9e arrondissement

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Clément Jouvain

Le Beaucé n’est pas un bistrot de plus à Paris : c’est une déclaration d’amour à la cuisine française, sincère, saisonnière et généreuse. Nichée rue Richer, à deux pas de l’effervescence des Grands Boulevards, cette adresse confidentielle s’impose comme un repère pour les amateurs de plats bien faits, de vins rigoureusement choisis et d’ambiances chaleureuses, sans folklore ni esbroufe. Le Beaucé ne surjoue pas le charme parisien : il l’incarne.

Une philosophie claire : cuisiner ce que l’on aime manger

À la tête des fourneaux, le chef Marius Benard – passé par les cuisines de Quedubon – assume une ligne culinaire franche : travailler des produits français, de saison, sans masquer leur goût derrière des artifices. Ici, les plats racontent quelque chose. Les escargots en persillade, la terrine de campagne ou encore le pavé de thon mi-cuit au beurre blanc ne sont pas de simples clins d’œil à la tradition : ils en sont la continuité maîtrisée. Le Beaucé ne prétend pas réinventer la roue, mais il affine chaque rayon avec précision. Et le résultat est là : dans l’assiette, tout est lisible, goûteux, équilibré.

dessert

Pas de menu encyclopédique ici : quelques entrées, deux ou trois plats, et des desserts qui varient selon l’inspiration et l’arrivage. La carte change régulièrement, au gré des saisons et des fournisseurs. Ce choix délibéré garantit une fraîcheur irréprochable. Les légumes viennent du carreau bio de Rungis, la viande de la famille Meignan, les volailles de la maison Courtin Hervouet, et les abats – spécialité chère au chef – de Sud-Ouest Abats. Ce sourcing pointilleux se ressent dans chaque bouchée.

Une salle où l’on dîne comme chez soi, en mieux

Boiseries chaleureuses, comptoir en zinc rutilant, chaises Thonet : Le Beaucé soigne son décor sans céder aux clichés. L’ambiance n’est pas figée : elle vibre, s’échauffe, discute. En salle, l’équipe – menée par un second Marius – connaît sa carte sur le bout des doigts et oriente avec justesse, notamment côté vins. La cave, forte de plus de 150 références, met en lumière des vignerons indépendants, souvent en bio ou en biodynamie. La cuvée Folle Blanche de Stéphane Orieux y côtoie des crus du Jura, du Rhône, ou des bulles confidentielles.

Un service fluide, humain, incarné

Au Beaucé, on prend le temps de parler, d’expliquer, de conseiller. Le chef sort parfois de sa cuisine pour échanger avec les clients. La transparence est totale, les prix cohérents. Le menu déjeuner (entrée, plat, dessert) à 25 euros frôle l’imparable, surtout au regard de la qualité servie. Le soir, la carte s’élargit légèrement, laissant place à des plats plus travaillés sans pour autant verser dans la bistronomie prétentieuse.

La signature du chef : simplicité sans concession

Ce qui distingue Le Beaucé, c’est cette capacité à proposer une cuisine de tradition sans tomber dans la nostalgie. Un œuf mayo peut ici côtoyer un carpaccio de mulet noir à la sauce soja, sans que cela paraisse incongru. L’intelligence culinaire réside dans cette fluidité : le respect du produit, la précision des cuissons, l’équilibre des assaisonnements. Même un beurre citronné pour accompagner une aile de raie ou une cervelle de veau se transforme ici en moment de grâce.

Quelques plats remarqués lors de notre passage :

  • Salade de cabillaud à la coriandre fraîche
  • Aile de raie grillée, beurre citronné, riz basmati au paprika
  • Poulet fermier « 100 jours », jus de thym, lentilles blondes
  • Fromage blanc fermier et gruyère suisse affinés

Un modèle de bistrot pour notre époque

Le Beaucé ne cherche pas à séduire tout le monde : il parle aux convaincus. À ceux qui en ont assez des cartes interminables, des dressages maniérés, des additions salées pour une cuisine formatée. Ici, tout est clair : on sait ce que l’on mange, on sait d’où ça vient, on sait pourquoi c’est bon. C’est cette honnêteté qui fait toute la différence, dans l’assiette comme dans le verre. Le Beaucé n’est pas seulement un bistrot : c’est une vision.

Le Beaucé
43 Rue Richer, 75009 Paris
Menu déjeuner : 25 € (entrée + plat + dessert)
Dîner à la carte : entrées dès 9 €, plats dès 24 €, desserts dès 10 €
lebeauce.fr

Dans une ville saturée de concepts marketing déguisés en restaurants, Le Beaucé remet les pendules à l’heure. Pas de storytelling surjoué, pas d’Instagram à outrance : juste une cuisine vraie, pensée pour les vrais gens. Et si c’était ça, la véritable modernité ?

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Clément Jouvain

Clément, expert voyages avec 10 ans d'expérience, a parcouru plus de 30 pays pour dénicher des destinations authentiques. Ses recommandations, fruit d'une exploration personnelle approfondie, offrent des conseils fiables et originaux. Passionné par les lieux qui allient tradition et innovation, il guide les voyageurs vers des expériences uniques et mémorables. Son expertise professionnelle et sa connaissance du terrain font de lui un curateur de voyage de confiance. Suivez ses aventures pour des idées inspirantes et des conseils de pro !