Devant les peintures de Claude Monet des falaises d’Étretat, on ne peut s’empêcher de vouloir voir de nos propres yeux le paysage auquel le peintre a consacré plus d’une quinzaine de ses toiles. Étretat a rassemblé des dizaines de peintres et d’écrivains pendantlongtemps, attiréspar ses falaises blanches, la mer qui s’étend à perte de vue, et l’imaginaire mythique qui semble se dégager de la ville comme de ses environs. Parmi eux, c’est sûrement Maurice Leblancqui a le plus popularisé ce paysage dans L’Aiguille Creuse, dont l’hommage le plus récent a été rendu par Netflix au travers de sa série Lupin: dans l’ombre d’Arsène. Que faire,donc, une fois à Étretat?

Évidemment, une promenade le long des falaises s’impose. Resplendissantes au soleil, fantomatiques sous unciel de plomb, ces dernières dégagent une impression d’éternité qui nous fait comprendre comment elles ont pu fasciner autant de créateurs. Plus que leur blancheur, ce sont leurs curiosités qui en valent le détour, aussi bien pour leurbeauté que pour leurnotoriété. La Manneporte, la Porte d’Amontet la Porte d’Aval fascinent. Troisarches se jetant dans la mer semblent ouvrir l’accès vers un autre monde, et il est difficile de croire que ces courbes quasi-parfaitesne soientpas le fruit d’un travail sculptural. À marée haute, elles prennent les apparences de monuments. L’Aiguille, ultime élément de ce quadriptyque minéral, jaillit des eaux telle un obélisque. On comprend mieux ce que Maurice Leblanc devait ressentir en parlant d’un rocher marqué sur sa surface par le passage du temps. «Et tout cela puissant, solide, formidable, avec un air de chose indestructible contre quoi l’assaut furieux des vagues et des tempêtes ne pouvait prévaloir. Tout cela, définitif, immanent, grandiose malgré la grandeur du rempart de falaises qui le dominait, immense malgré l’immensité de l’espace où cela s’érigeait».-Maurice Leblanc, L’Aiguille Creuse (1909)-

À marée basse cependant, il est possible d’apprécier la majestuosité des falaises du dessous. Une expérience d’une différente nature, qui d’ailleurs permet de découvrir lesplagesde galets. Que ce soit à pied ou à la nage, elles constituent un site d’exploration ou de repos qui s’étend à perte de vue. Être au niveau de l’eau a toujours eu un charme très particulier, peut-être le sentiment d’être au bord du monde; à Étretat, on y nage entouré des murailles blanches de la Normandie.

Étretat, ce n’est cependant pas que ses paysages, mais aussi son village.Les Halles d’Étretat, bien qu’une reconstitution des Halles d’origine, sont un marché couvert aux charpentes moyenâgeuses abritant desstandsde souvenirset d’objets divers et variés.Même si l’on envisage de ne rien acheter, il y a quelque chose d’égayant à voir entre autres les multitudes de marines, de cartes postales et de reproductions miniatures entassées des deux côtés des Halles.

C’est peut-être là que l’on prend conscience de la puissance d’Étretat sur l’imagination. Mis à part cela, les Halles en valent le détour rien que pour leurs voûtes. Marché couvert d’Étretat (photo: blog «Salut bye bye»)Un peu plus historique, le Clos Lupinabrite un musée à la gloire d’Arsène Lupin. Anciennement le lieu d’habitation du père du célèbre voleur, la villa a été reconvertie en musée et est ouverte au public en mêlant exposition de photos et d’objets ayant appartenus à Leblanc, ainsi que la résolution par le visiteur de l’énigme de L’Aiguille Creuse. Sans être un lecteur de l’écrivain, le site reste agréable àvisiter. Sa façade anglo-normande et son jardin paysager enclosent les promeneurs dans un monde de calme et de plénitude, où le crissement du gravier, les chants d’oiseaux et l’odeur des pins, desfleurs et de la mer règnent en maître.

Enfin, parce qu’il est impossible de se rendre un village français tout en ignorant son clocher, l’Église Notre-Dame d’Étretat est celui des trois édifices religieux à visiterimpérativement –si choix à faire il y a. Datantau plus tard du XIIIème siècle, ses façades claires font écho à la roche des falaises et son toit d’ardoise à la chapelle isolée qui surplombe le village. Entre architectures romane et gothique, elle est d’une sobriété apparente qui ne rend pas assez hommage au soin apporté à ses voûtes et ses sculptures intérieures. Sanspasser la porte, se balader dans le cimetière adjacent offre une expérience légèrement teintée de mystique:la légende dit d’ailleurs que c’est le Diablequiaurait posé les fondations de l’Église.

Bien sûr, Étretat ne peut se réduire à ces sites. Il s’agit d’un lieu qui se prête à un ensemble de visites et d’activités qui se plient à l’humeur du jour, que l’on soit seul ou accompagné. Ces cinq lieux ne font que donner un avant-goût de ce que cet ancien village de pêcheurs normands a à offrir, voire de ce à quoi il pouvait ressembler il y a des siècles de cela. Puis, quand le soleil se couche et se reflète dans les eaux bleues de la mer, il y a cette sensation unique de se retrouver dans une des toiles d’un des plus célèbres peintres français; d’avoir accès à une vision dont il était le seul propriétaire

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