Salsalah, capitale du Dhofar, ne se contente pas d’être une simple destination balnéaire au bord de la mer d’Arabie. Cette ville d’Oman au charme envoûtant fascine par sa géographie unique, son histoire royale, son microclimat exceptionnel et son rôle central dans la mythique route de l’encens. Si Mascate est le cœur politique du Sultanat, Salsalah en est sans conteste l’âme végétale et patrimoniale.
Une ville entre montagnes, océan et désert
Située à plus de 1 000 kilomètres au sud-ouest de Mascate, Salsalah s’impose comme un joyau enclavé entre le désert du Rub Al Khali, les monts verdoyants d’Al Qara, et les rivages turquoise de la mer d’Arabie. Ce contraste spectaculaire façonne une identité géographique singulière, qui se distingue du reste du pays. Là où le nord d’Oman est aride et minéral, Salsalah offre une palette inattendue de paysages luxuriants, notamment durant la saison du khareef, la mousson estivale qui transforme la ville en un véritable jardin d’Eden.
Les montagnes environnantes créent un effet climatique rare dans la péninsule Arabique. De juin à septembre, les brouillards et les averses régulières tapissent les vallées de verdure, attirant une foule de visiteurs, tant omanais qu’internationaux. Ce phénomène météorologique, unique dans la région, a un impact direct sur l’agriculture locale, la biodiversité et le tourisme saisonnier.
Une capitale culturelle et spirituelle
Salsalah est profondément enracinée dans l’histoire de la péninsule Arabique. Ancienne capitale royale, elle fut le siège du pouvoir sous le règne du sultan Saïd ibn Taimour jusqu’en 1970. Aujourd’hui encore, son patrimoine architectural et spirituel rappelle son importance stratégique. Parmi les lieux incontournables, la tombe du prophète Job (Nabi Ayoub), située dans les collines du Dhofar, reste un haut lieu de pèlerinage interconfessionnel. On y croise musulmans, chrétiens et juifs dans un climat de recueillement apaisé.
Autre point névralgique : le site archéologique d’Al Balid, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Les vestiges de ce port du XIIe siècle témoignent de l’époque où la ville prospérait grâce au commerce de l’encens, or blanc du désert. On y distingue encore les ruines d’une mosquée ancienne et les contours d’un palais dont certains attribuent l’origine à la légendaire Reine de Saba.
Le royaume de l’encens : un héritage millénaire
L’identité de Salsalah est indissociable de l’encens, cette résine aromatique issue de l’arbre Boswellia sacra. Utilisé depuis l’Antiquité dans les rituels religieux, les soins médicinaux et le commerce caravanier, l’encens de Dhofar est réputé comme l’un des plus purs au monde. Le Musée de la Terre de l’Encens retrace avec rigueur ce passé fascinant, depuis les plantations jusqu’aux routes commerciales reliant l’Arabie à l’Égypte, l’Inde et la Méditerranée.
Ce n’est pas un hasard si l’Unesco a également inscrit la « Route de l’Encens » parmi ses sites protégés. Les sentiers qui serpentent les collines de Salsalah permettent encore aujourd’hui de découvrir les Boswellias, souvent perchés sur des escarpements rocheux, et de comprendre les rituels de récolte transmis de génération en génération.
Une scène touristique en pleine effervescence
Le tourisme à Salsalah s’est intensifié au cours des deux dernières décennies, sans pour autant sacrifier l’authenticité. Le Kareef Festival, célébré chaque été, attire des milliers de visiteurs venus profiter de la fraîcheur, de la verdure et de l’animation culturelle. Concerts, expositions artisanales, foires alimentaires et événements sportifs s’enchaînent pendant près de deux mois, dans une atmosphère à la fois festive et familiale.
Les activités ne manquent pas : randonnées dans le Wadi Darbat, observation des geysers marins à Mughsail, baignades sur les plages d’Al Fizayah ou d’Al Mughsail, balades à cheval, excursions en 4×4 vers les dunes ou les montagnes. Chaque saison offre son lot de découvertes, et de nombreuses agences locales proposent des circuits sur mesure, allant de la simple visite culturelle à l’aventure immersive dans le désert.
Quelques incontournables à ne pas manquer :
- Le souk de l’or et le souq al Hisn, pour une immersion dans la vie locale et l’artisanat traditionnel
- Le palais Al Hisn, ancienne résidence du sultan Qaboos
- La grotte de Marneef et ses orifices de soufflerie côtiers
- La ville de Mirbat, ancienne cité de pêcheurs à l’est
- Les sources d’Ayn Razat et d’Ayn Jarziz
Une ville en mutation maîtrisée
Si Salsalah conserve ses racines culturelles, elle n’échappe pas à la modernisation. Le port de Salalah, géré par une entreprise conjointe avec Maersk, est aujourd’hui l’un des hubs logistiques les plus actifs de la région. Il joue un rôle essentiel dans les échanges commerciaux entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe. Parallèlement, l’aéroport international de Salalah, entièrement rénové, assure des liaisons régulières avec Dubaï, Doha ou Mascate, facilitant l’arrivée des touristes et des investisseurs.
Mais l’attractivité de la ville repose aussi sur une croissance raisonnée. Contrairement à d’autres métropoles du Golfe, Salsalah privilégie le développement durable et la préservation de ses écosystèmes. Des projets de reboisement, de gestion de l’eau et de protection des zones humides sont soutenus par le gouvernement omanais et par plusieurs institutions internationales. Ce modèle de développement équilibré en fait une vitrine régionale d’écotourisme et d’urbanisme responsable.
Salsalah incarne ainsi une autre vision du Moyen-Orient : plus verte, plus paisible, mais tout aussi connectée au monde.
Pourquoi Salsalah fascine les voyageurs modernes
Au-delà de ses paysages et de son histoire, Salsalah séduit par son ambiance. Ni tape-à-l’œil ni aseptisée, la ville vibre d’une énergie tranquille et sincère. C’est une destination idéale pour ceux qui fuient le tourisme de masse, mais recherchent néanmoins le confort, l’exotisme et l’authenticité. On y savoure des fruits tropicaux, on y respire l’encens à chaque coin de rue, on y croise des habitants chaleureux, fiers de leur culture et accueillants avec les étrangers.
Visiter Salsalah, c’est faire l’expérience d’un Oman méconnu, à contre-courant des clichés. C’est découvrir une cité où le passé dialogue avec le présent, où les traditions cohabitent avec la modernité. C’est enfin, pour beaucoup, une invitation à ralentir, observer et ressentir — au rythme apaisé du Dhofar.
Dans un monde où tout s’accélère, Salsalah offre une respiration rare. Et cela, c’est peut-être son luxe ultime.
